LA PRIÈRE INCRÉDULE
A propos de ACTES 12
La prière incrédule pour la délivrance de Pierre
Actes 12.1 : Vers la même époque, le roi Hérode se mit à maltraiter quelques membres de l’Église.
Cette époque est celle de la conversion de païens à Antioche de Syrie (Actes 11.19-26) et de l’aide matérielle envoyée aux chrétiens de Jérusalem (Actes 11.27-30) pendant la famine qui eut lieu dans l’empire romain sous le règne de l’empereur Claude (41 à 64 apr. J.-C.).
Le roi Hérode Agrippa I, petit-fils d’Hérode le Grand, fut roi de la Judée et de la Samarie depuis 3 ans. Peu aimé des Juifs, il chercha à se les concilier en persécutant les chrétiens.
12.2 : Il fit tuer par l’épée Jacques, le frère de Jean.
Les apôtres Jacques et Jean, fils de Zébédée, avaient été des pécheurs originaires de la Galilée. Ils furent surnommés Boanerges, fils du tonnerre ! Jacques avait reçu, comme les autres disciples, une formation exceptionnelle par Jésus lui-même : Il avait entendu son enseignement, vu ses actes, admiré son caractère sans faiblesse, vu sa gloire…
Comment expliquer que Dieu ait permis son exécution une dizaine d’années après la mort de Jésus ? Il aurait pu servir le Seigneur encore très longtemps, comme son frère Jean qui est mort à l’âge d’environ 90 ans !
Dieu ne fait pas de faute, mais il ne nous explique pas toujours ce qu’il fait et pourquoi ! Faisons-lui simplement confiance sans comprendre !
12.3 : Quand il s’aperçut que cela plaisait aux Juifs, il fit aussi arrêter Pierre. C’était pendant les jours des «Pains sans levain».
La Fête des Pains sans Levain est la semaine qui suit la Pâque (Pessah). La Pâque était célébrée tous les ans le 15 du mois de Nisan (avril). Il s’agit ici de la Pâque de l’an 44.
12.4 : Lorsqu’on eut arrêté Pierre, il le fit mettre en prison et le plaça sous la garde de quatre escouades de quatre soldats chacune. Il voulait le faire comparaître devant le peuple après la Pâque.
Hérode préparait un procès public de Pierre, qui aurait enthousiasmé la foule et qui aurait inévitablement conduit à l’exécution de l’apôtre.
12.5 : Pierre était donc sous bonne garde dans la prison. Mais l’Église priait ardemment Dieu en sa faveur.
Pierre se trouvait très certainement dans la Forteresse Antonia dans laquelle Paul sera aussi incarcérée, Actes 21.34
L’Église ici mentionnée est celle de Jérusalem.
Ce verset indique clairement que la libération de Pierre est due à la prière fervente de l’Église.
12.6 : Or, la nuit qui précédait le jour où Hérode allait le faire comparaître, Pierre, attaché par deux chaînes, dormait entre deux soldats, et devant la porte de la prison, des sentinelles montaient la garde.
Pierre dormait ! Combien de chrétiens auraient fait des insomnies ?
La confiance de Pierre en Dieu est bien réelle !
Psaumes 23.4 : Quand je marche dans la vallée de l’ombre de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : Ta houlette et ton bâton me rassurent.
12.7 : Tout à coup, un ange du Seigneur apparut, et la cellule fut inondée de lumière. L’ange toucha Pierre au côté pour le réveiller : Lève-toi vite ! lui dit-il.
Au même instant, les chaînes lui tombèrent des poignets.
12.8 : – Allons, poursuivit l’ange, mets ta ceinture et attache tes sandales !
Pierre obéit.
– Maintenant, ajouta l’ange, mets ton manteau et suis-moi.
Remarquons la sollicitude de l’ange pour Pierre : il le sortit du sommeil du juste, il lui demanda de mettre sa ceinture, d’attacher ses sandales, de prendre son manteau ! Toutes choses que Pierre, arraché au sommeil, n’aurait pas faites.
12.9 : Pierre le suivit et sortit, sans se rendre compte que tout ce que l’ange faisait était réel : il croyait avoir une vision.
12.10 : Ils passèrent ainsi devant le premier poste de garde, puis devant le second et arrivèrent devant la porte de fer qui donnait sur la ville. Celle-ci s’ouvrit toute seule. Ils sortirent et s’avancèrent dans une rue. Et soudain, l’ange le quitta.
Cet ange ne s’est pas présenté à Pierre, ne lui pas indiqué son nom, n’a dit ni bonjour, ni au-revoir !
Les interventions angéliques sont d’une précision chirurgicale. Les anges ou messagers ou envoyés interviennent dans nos vies, dans la vie des petits enfants, des personnes fragiles… Habituellement à l’insu des bénéficiaires de leurs interventions.
Nous n’avons pas à leur parler parce qu’ils ne sont pas à notre service, mais au service, aux ordres de Dieu :
Hébreux 1.14 : En effet, que sont les anges ? Des esprits au service de Dieu, qui sont envoyés pour exercer un ministère en faveur de ceux qui vont hériter le salut.
La seule porte, le seul chemin d’accès vers l’au-delà, c’est Jésus. Quiconque passe par ailleurs est un voleur et un brigand.
Le culte des anges est un culte idolâtre et une abomination aux yeux de Dieu.
12.11 : Alors seulement, Pierre reprit ses esprits et se dit : « Ah, maintenant je le vois bien, c’est vrai : le Seigneur a envoyé son ange et m’a délivré des mains d’Hérode et de tout le mal que voulait me faire le peuple juif. »
12.12 : Après réflexion, il se rendit à la maison de Marie, la mère de Jean appelé aussi Marc. Un assez grand nombre de frères s’y étaient réunis pour prier.
C’est une fois dans la rue que Pierre se rendit compte de ce qui s’était passé.
• Le Saint Esprit le dirige, mais en utilisant sa réflexion !
Dieu ne veut pas que nous méprisions notre intelligence par superspiritualité. Elle est un formidable don de Dieu. Mais elle doit rester sous le contrôle permanent de l’Esprit de Dieu.
• Jean-Marc, était cousin de Barnabas, Colossiens 4.10. Il est l’auteur de l’Évangile de Marc. Sa mère Marie est l’une des 6 Marie mentionnées dans le Nouveau Testament. Elle était de condition aisée, possédait une grande maison qui, selon les spécialistes, accueillait régulièrement les chrétiens pour des cultes ou des réunions de prière.
• L’assistance à cette réunion de prière était, semble-t-il, uniquement masculine, parce qu’elle avait lieu la nuit et que les déplacements, à l’époque, étaient beaucoup plus difficiles que de nos jours.
12.13 : Il frappa au battant de la porte. Une jeune servante, appelée Rhode, s’approcha et demanda qui était là.
Rhode (mot grec pour Rosier), une servante de Marie, courut à la porte pour savoir qui frappait.
12.14 : Elle reconnut la voix de Pierre et, dans sa joie, au lieu d’ouvrir, elle se précipita pour annoncer : C’est Pierre ! Il est là, dehors, devant la porte.
12.15 : – Tu es folle, lui dirent-ils.
Mais elle n’en démordait pas.
– Alors, c’est son ange, dirent-ils.
Ces chrétiens priaient en faveur de Pierre avec beaucoup d’ardeur, 12.5.
Et cependant ils ne s’attendaient pas à être exaucés !
• Certains réussissent à croire qu’ils ont été exaucés, selon
Marc 11.24 : Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous l’avez reçu, et vous le verrez s’accomplir.
A propos de la prière pour obtenir plus de sagesse, Jacques insiste aussi sur une foi complète en l’exaucement :
Jacques 1.5-6 : Si l’un de vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu qui la lui donnera, car il donne à tous généreusement et sans faire de reproche. Il faut cependant qu’il la demande avec foi, sans douter, car celui qui doute ressemble aux vagues de la mer agitées et soulevées par le vent…
Certains croyants, après avoir prié pour un malade, savent dans leur esprit, que ce malade est guéri, même si on le voit toujours malade.
Georges Muller, Charles Finney et bien d’autres serviteurs de Dieu savaient fréquemment que leurs prières avaient été exaucées, avant de voir quoi que ce soit.
Mais si ce n’est pas le cas, la prière ne peut-elle pas être exaucée ?
Si, car Dieu est bon, et il y a plusieurs chemins vers l’exaucement des prières :
• Dans cette réunion de prière chez Marie, personne ne pensait que leur prière était exaucée :
Les nombreux participants de cette réunion de prière étaient des chrétiens sérieux, des hommes de prière. Ils étaient venus essentiellement pour demander à Dieu la libération de l’apôtre Pierre. Et quand la servante Rhode leur annonça qu’il se tenait devant la porte, ils la traitèrent littéralement de folle (grec : mainomai).
Ce terme fou est très offensant :
Matthieu 5.22 : Celui qui dit (à son frère) « imbécile » passera devant le Grand-Conseil, et celui qui le traite de fou est bon pour le feu de l’enfer.
Non seulement ils étaient incapables de croire à l’exaucement de leur prière, mais ils insultèrent la servante qui était témoin de cet exaucement.
Cette pauvre servante a dû se sentir humiliée et méprisée.
Mais comme elle eut l’impudence de persister dans son affirmation, ils imaginèrent une explication fort spirituelle : elle vit l’ange de Pierre ! Peut-être voulurent-ils dire qu’elle vit son esprit, son fantôme…
Ils sont prêts à croire n’importe quoi, sauf à l’exaucement de leur prière !
12.16 : Pendant ce temps, Pierre continuait à frapper. Ils ouvrirent, le virent et furent stupéfaits.
Leur abasourdissement à la vue de Pierre est une nouvelle preuve de leur profonde incrédulité.
Ils priaient Dieu de tout leur cœur, mais en étant absolument persuadés que leurs prières ne seraient pas exaucées ! Et pourtant elles le furent, selon le verset 16.5
Ce récit de prières incrédules est très réaliste et, pour nous, fort encourageant. Ne formulons-nous pas souvent des prières incrédules ?
Alors, ne nous désolons pas, ne perdons pas courage : Une foi comme un grain de sénevé peut déplacer des montagnes ! Alléluia !
Matthieu 17.20 : Vraiment, je vous l’assure, si vous aviez de la foi, même si elle n’était pas plus grosse qu’une graine de moutarde, vous pourriez commander à cette montagne : Déplace-toi d’ici jusque là-bas, et elle le ferait. Rien ne vous serait impossible.
Luc 17.6 : Si vous aviez la foi, leur répondit le Seigneur, même aussi petite qu’une graine de moutarde, vous pourriez commander à ce mûrier-là : « Arrache tes racines du sol et va te planter dans la mer » et il vous obéirait.
Nous aimerions bien posséder une foi comme un potiron. Mais une prière faite avec une toute petite foi comme celle de ces prieurs de Jérusalem est exaucée ! Une toute petite main, mal-assurée et tremblante peut recevoir des perles de très grande valeur !
Ceux qui, selon l’exhortation de Jésus, demandent, cherchent, et frappent (Luc 11.9-10), ne sont pas en train de déborder de joyeuses assurances et convictions, ils avancent plutôt en tâtonnant dans les ténèbres du doute. Et pourtant Jésus leur promet à deux reprises un triple exaucement.
Ésaïe 42.16 : Les aveugles, je les ferai marcher sur une route qu’ils ne connaissent pas. Oui, je les conduirai sur des sentiers dont ils ignorent tout.
Je transformerai devant eux leur obscurité en lumière et leurs parcours accidentés en terrains plats. Tout cela, je l’accomplirai sans rien laisser d’inachevé.
12.17 : D’un geste de la main, Pierre leur fit signe de se taire, et il leur raconta comment le Seigneur l’avait fait sortir de prison. Il ajouta : Faites savoir tout cela à Jacques et aux autres frères.
Ensuite, il repartit et se rendit ailleurs.
• Pierre montre ici tout le respect et l’estime qu’il avait pour Jacques, le frère de Jésus et Responsable le plus éminent de l’Église de Jérusalem. Jacques était membre du presbytérat (Conseil des Anciens) de Jérusalem : Il était presbyteros i.e. Ancien et episcopos i.e. évêque ou surveillant.
• Nous nous trouvons ici à un tournant de l’histoire de l’Église :
Jacques remplacera dorénavant Pierre à la tête de l’Église de Jérusalem et Paul le remplacera dès lors dans le récit des conquêtes de l’Évangile dans le livre des Actes.
• En partant Pierre ne voulut pas indiquer où il se rendait ! Il ne tenait pas à être repris par les milices du roi Hérode Agrippa.
12.18 : Quand le jour se leva, il y eut un grand émoi parmi les soldats : Où donc était passé Pierre?
12.19 : Hérode le fit rechercher, mais on ne le trouva nulle part. Alors, après avoir fait interroger les gardes, il ordonna leur exécution. Ensuite, il quitta la Judée pour se rendre à Césarée où il passa quelque temps.
Hérode savait que Dieu était intervenu en faveur de Pierre et que les gardes étaient innocents de sa disparition. Dans sa cruauté il les fit néanmoins exécuter.
Il est évident que Pierre ne s’est pas senti coupable de la mort de ces malheureux. Il n’est pas allé consulter son psychologue ni son psychiatre pour retrouver une bonne conscience !
Pas plus d’ailleurs que Jésus quand il apprit qu’à cause de lui Hérode le Grand avait donné l’ordre de tuer à Bethléhem et dans les environs tous les enfants de moins de deux ans, conformément aux précisions que lui avaient données les mages sur l’époque où l’étoile était apparue, Matthieu 2.16
Pierre comme Jésus se confient en la souveraineté et la justice absolue de Dieu !
Nous non plus, nous n’avons pas à porter les fardeaux du monde entier. Dieu est Roi de toute la terre !
12.20 : Or, Hérode était en conflit avec les habitants de Tyr et de Sidon. Ceux-ci décidèrent ensemble de lui envoyer une délégation. Après s’être assuré l’appui de Blastus, son conseiller, ils demandèrent la paix, car leur pays était économiquement dépendant de celui du roi.
12.21 : Au jour fixé, Hérode, revêtu de ses vêtements royaux, prit place sur son trône et leur adressa un discours en public.
12.22 : Le peuple se mit à crier : Ce n’est plus un homme qui parle. C’est la voix d’un dieu.
Hérode ne fut pas spécialement connu pour son don d’orateur. C’est par flatterie que le peuple le louangea ainsi !
Jean de La Fontaine disait déjà (Le Corbeau et le Renard) : « Apprenez que tout flatteur Vit aux dépens de celui qui l’écoute… ».
En l’occurrence c’était littéralement vrai, puisque le peuple servile et obséquieux dépendait économiquement du pays du roi.
Cette flagornerie et cette courtisanerie eurent de funestes conséquences pour le roi Hérode.
12.23 : Au même instant, un ange du Seigneur vint le frapper parce qu’il n’avait pas rendu à Dieu l’honneur qui lui est dû. Dévoré par les vers, il expira.
Selon l’historien Juif Joseph, Hérode accepta orgueilleusement les déclarations flatteuses du peuple, au lieu de donner gloire à Dieu.
Ce jugement de Dieu eut lieu en avril 44.
12.24 : Mais la Parole de Dieu se répandait toujours plus.
Aucun Hérode au monde ne peut empêcher la Parole de Dieu de gagner du terrain ! Seul le péché des chrétiens le peut !
12.25 : Barnabas et Saul, après avoir rempli leur mission en faveur des croyants de Jérusalem, partirent en emmenant avec eux Jean surnommé Marc.
Paul et Barnabas avaient été chargés par les croyants d’Antioche d’apporter leur aide matérielle aux frères de Jérusalem, Actes 11.29-30
Théophile Hammann