LA PRÉSENCE DE DIEU DANS LES PSAUMES

LA PRÉSENCE DE DIEU DANS LES PSAUMES

L’étude ci-dessous du professeur Émile Nicole, intitulée La Présence de Dieu dans les Psaumes, a été présentée en avril 2016 à une Pastorale Européenne dont le thème était : « Seigneur, reste avec nous ! »

Elle jette un éclairage biblique sur la manière dont se révèle Celui que le philosophe Blaise Pascal, s’appuyant sur les Psaumes, a pu qualifier de « Dieu caché ».

Émile Nicole est né en 1944, à Alès, cette belle ville du Gard considérée comme la capitale des Cévennes. Il est marié et père de trois enfants. Il a été  Pasteur au sein de l’Union des Églises Évangéliques Libres (UEEL) à Nîmes et à Nice de 1967 à 1974. Il a ensuite enseigné de 1974 à 1978 à l’Institut Biblique et Missionnaire Emmaüs à St Légier en Suisse. Il obtint le grade de Docteur d’État en Théologie en 1987, à la Faculté de Théologie Protestante de l’Université de Strasbourg et fut professeur d’Ancien Testament, de 1978 à 2012, à la Faculté Libre de Théologie Évangélique de Vaux-sur-Seine (FLTE). Il fut Doyen de cette Institution Évangélique de 1996 à 2007.
Je voudrais remercier le Professeur Émile Nicole d’avoir accepté de publier sa conférence sur le site www.esperertoujours.fr

Théophile Hammann

 

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LA PRÉSENCE DE DIEU DANS LES PSAUMES

 

 

La présence de Dieu est un des thèmes majeurs de notre piété. Nous l’évoquons et l’invoquons constamment dans nos chants, dans nos prières.
Cette réalité qui nous est si chère, elle n’est pas si facile à concevoir et surtout à définir. Qu’est-ce que cela veut dire exactement que Dieu, que Jésus est présent ? Est-ce que cela peut se vérifier ?
Les non croyants nous diront : vous vous imaginez que Dieu est présent. Dieu, s’il existe, est invisible : vous croyez quelque chose, vous ressentez quelque chose, individuellement ou collectivement, mais c’est invérifiable.
Et même nous, croyants, nous qui évoquons une présence particulière de Dieu, nous croyons aussi que Dieu est partout présent. Il n’y a pas un seul lieu sur terre et même dans tout l’univers dont on puisse dire que Dieu n’y est pas. Dieu est omniprésent.

Alors qu’est-ce que cette présence particulière, que nous évoquons lorsque nous nous réjouissons de la présence de Dieu ou lorsque nous l’invoquons ?

Je vous avoue d’emblée que je ne pense pas qu’on puisse donner à cette question une réponse complète et définitive en 3 points, en 7 points ou même en 50 ou en mille. Il est inévitable que la présence du Dieu trois fois saint, invisible, éternel, reste entourée pour nous d’un certain mystère. Nous ne pouvons pas contrôler la présence de Dieu, comme nous pouvons le faire d’un être humain que nous voyons assis sur une chaise ou debout derrière un pupitre. Il est bon que nous restions émerveillés et confondus devant le mystère de cette présence invisible et pourtant bien réelle.

Mais si cette question de la présence de Dieu reste pour nous entourée de mystère, nous trouvons partout dans la Bible bien des réponses utiles, indispensables, aux questions que nous nous posons à son sujet.
Je vous propose pour cette étude, de nous mettre à l’écoute des Psaumes.

Dieu a eu l’extraordinaire délicatesse, de réunir dans sa parole, une importante collection de prières, inspirées par lui, marquées, comme tout le reste de l’Écriture, du sceau de sa vérité. Mettons-nous pour un moment à l’écoute des psalmistes. Comment parlent-ils de la présence de Dieu ?

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Une première observation doit être faite : nous ne trouverons pas chez eux le mot de présence, peut-être apparaît-il ici ou là dans certaines traductions, mais le mot lui-même n’existe pas dans le vocabulaire qu’ils emploient.

Cela peut paraître au début assez déroutant, mais l’obstacle est loin d’être insurmontable : il y a bien des manières différentes de parler de la présence. Et même si le mot était employé, pour comprendre ce que représente pour les psalmistes la présence de Dieu, il ne faudrait surtout pas nous limiter à l’emploi du mot, mais être attentif à toutes les manières différentes qu’ils utilisent pour évoquer la présence de Dieu.

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Seconde observation, qui va nous retenir plus longtemps : chez les psalmistes, la recherche de la présence de Dieu, et la possibilité de jouir de la présence de Dieu sont étroitement liées au temple de Jérusalem.

Le temple est désigné comme la demeure de Dieu, la maison de Dieu. Il y a là un repère matériel, une adresse en quelque sorte, qui permet au croyant d’exprimer son attente de la présence de Dieu.

Le croyant qui, dans le Ps 42, exprime avec tant de passion son désir de la présence de Dieu,
« Comme une biche soupire après l’eau du torrent,
ainsi mon âme soupire après toi, ô Dieu !
Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant »
(v. 2 et 3),

est quelqu’un qui, pour une raison non exposée, se trouve empêché d’aller au temple. Il se souvient avec nostalgie de l’époque où il participait au culte :
 « Je marchais avec la foule et je m’avançais avec elle jusqu’à la maison de Dieu dans les cris de joie et de reconnaissance d’une multitude en fête » (v. 5).
L’absence de Dieu que lui font sentir cruellement ses adversaires, « où est ton Dieu ? » (v. 4 et v. 11), elle se trouve concrétisée par son éloignement du temple.

Quand il cherche à s’encourager : « espère en Dieu, je le louerai encore ! » (v. 6, v. 12 ; Ps 43.5),
c’est bien au culte du temple qu’il pense, comme le montre la 3e strophe du psaume qui a été séparée des deux autres (43.4) : « J’irai vers l’autel de Dieu… je te célébrerai sur la lyre, ô Dieu, mon Dieu. »

Plusieurs psaumes expriment ce bonheur d’aller à la maison de Dieu :
 « J’aime le séjour de ta maison, le lieu où demeure ta gloire. » (Ps 26.8)
 « Je me suis réjoui quand on m’a dit : allons à la maison du Seigneur. » (Ps 122.1)

Les lévites qui assurent un service permanent dans le temple sont estimés privilégiés, ils y restent la nuit :
 « Serviteurs du Seigneur qui vous tenez dans la maison du Seigneur pendant les nuits » (Ps 134.1 ; 135.2). On dit même qu’ils habitent dans la maison du Seigneur : « Heureux ceux qui habitent ta maison, ils te loueront encore » (Ps 84.5)

David exprime même le désir inaccessible : « Je demande au Seigneur une seule chose, que je désire ardemment, habiter tous les jours de ma vie dans la maison du Seigneur, pour voir la beauté du Seigneur et pour admirer son temple. » (Ps 27.4)

Ce désir s’exprime de manière aussi émouvante, lorsque le psalmiste dit qu’un seul jour dans les cours de la maison de Dieu vaut mieux que mille ailleurs, il préfère être au seuil de la maison de Dieu que de résider dans les tentes de la méchanceté (Ps 84.11).

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Lorsque nous voyons s’exprimer ainsi la foi des croyants, leur désir profond de la présence de Dieu, nous percevons un certain écart entre eux et nous. La façon dont ils associent la présence de Dieu au temple est bien caractéristique de l’ancienne alliance et il nous faudra voir comment ce lien se trouve transposé dans la nouvelle alliance.

Mais avant cela, il est utile de percevoir, dans le livre des Psaumes, l’environnement spirituel dans lequel s’inscrit cet attachement au temple, comme lieu privilégié de la présence de Dieu.

Observons plusieurs choses :

D’abord, à côté du temple et bien au-dessus du temple, il est dit que Dieu réside dans le ciel.
Dès le 2e psaume : « Celui qui siège dans le ciel, rit » (Ps 2.4).
C’est là que Dieu « a son trône » (Ps 11.4 et 103.19).
C’est de sa « haute demeure » qu’il arrose les montagnes (Ps 104.13).
C’est du ciel que Dieu observe les humains (Ps 33.13 ; 80.15 ; 102.20).

Cette demeure céleste peut paraître terriblement éloignée pour le croyant. N’est-il pas plus rassurant de se figurer Dieu plus proche, sur la terre, dans un temple ? Mais la certitude que Dieu est dans le ciel, est pour le croyant une source de grand réconfort :
– Dieu  siège au-dessus des nations en révolte (Ps 2).
– De là il voit tout, « il entend les soupirs du prisonnier » (Ps 102.21).
– C’est de là qu’il envoie le secours (Ps 57.4).

La distance n’empêche pas Dieu d’intervenir. David décrit en termes stupéfiants le secours que Dieu lui a accordé dans la bataille : il a « incliné le ciel » et il est descendu pour foudroyer les ennemis (Ps 18.10).
C’est dans les mêmes termes que David réclame encore le secours de Dieu : « Incline le ciel et descends » (Ps 144.5).

Cette distance, proprement infranchissable, devient la mesure de la bonté de Dieu pour ceux qui le craignent : « Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant sa bonté est grande pour ceux qui le craignent » (Ps 103.11).
Plusieurs psaumes relient ainsi la bonté de Dieu et la hauteur du ciel :
– Ps 57.11 : « Ta bonté est grande jusqu’au ciel »,
– Ps 36.6 : « Seigneur ta bonté est dans le ciel »,
– Ps 108.5 : « Ta bonté est plus grande que le ciel. »
On comprend que le croyant humilié, méprisé, tourne les yeux vers le ciel : « Je lève mes yeux vers toi qui sièges dans le ciel » (Ps 123.1).

Voilà quelques aspects de la richesse spirituelle qui découle de la présence de Dieu dans le ciel, bien au-dessus du temple.

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D’autre part, la présence de Dieu dans le temple, telle que les psalmistes l’évoquent, ne doit pas être comprise de manière trop matérielle, comme si le seul fait de se trouver dans le temple garantissait au croyant la présence de Dieu.

D’abord, de manière très concrète, l’accès à Dieu dans le temple, marque  nettement la distance qui sépare l’être humain de Dieu. Le croyant n’accède à « la maison de Dieu » que dans la cour. Il n’est pas admis au-delà, ni dans le lieu Saint où seuls les prêtres peuvent entrer, ni à plus forte raison dans le lieu Très-Saint où seul le grand prêtre officie une fois par an.

Cet accès limité n’est pas propre à la religion biblique, en Égypte, en Mésopotamie, en Grèce, l’accès au sanctuaire proprement dit est réservé. C’est comme le palais d’un grand roi ; on est admis dans la cour, mais pas au-delà. Mais ce qui accentue encore la distance dans le temple de l’Ancien Testament,
– c’est que le roi lui-même n’a pas accès à l’intérieur du sanctuaire,
– et à l’intérieur du sanctuaire il n’y a aucune image pour représenter Dieu.
Le fidèle sait bien que le temple est vide. Dieu est au-dessus et au-delà de toute représentation.
Le lieu même qui marque la présence de Dieu, marque donc en même temps la distance.
Comme si Dieu disait : je suis là, mais on ne peut pas me voir et ne t’approche pas trop.

Cette distance, on la sent bien, lorsque le psalmiste envie les lévites qui résident dans les pièces attenantes au temple : « Heureux ceux qui habitent ta maison » (Ps 84.5). Ou lorsqu’il exprime son désir de la présence de Dieu, d’une manière qui dépasse les possibilités offertes, qui transgresse les interdits : « je ne désire qu’une chose… » Mais c’est précisément une chose impossible selon les règles établies, « habiter toute ma vie dans la maison du Seigneur » (Ps 27.4).

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Ainsi le temple n’offre qu’une représentation limitée de la présence de Dieu. De plus, le croyant ne doit pas s’imaginer que l’accès au temple lui garantit automatiquement l’accueil de Dieu. Il faut déjà respecter des règles de pureté rituelle. Mais ce n’est pas tout, et ce n’est pas le plus important, ni le plus difficile : « Qui pourra monter à la montagne du Seigneur ? Qui pourra se lever dans son saint lieu ? » (Ps 24.3)
Ce sont d’autres règles, plus exigeantes que les rites, qui déterminent l’accès à Dieu : « Celui qui a les mains innocentes et le cœur pur. » (v. 4). Comme le dit le Ps 5, le Seigneur ne donne pas de permis de séjour au méchant, les extravagants ne peuvent tenir devant ses yeux (v. 5 et 6). C’est au juste que Dieu réserve l’accès à sa présence, comme David en est persuadé :
 « Pour moi, avec justice, je verrai ton visage » (Ps 17.15).

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Ainsi, dans l’ancienne alliance, le temple, qui sert de repère matériel à la présence de Dieu pour le croyant,
– ne supplante pas le ciel, qui est la véritable demeure de Dieu,
– l’accès à la présence de Dieu y est limité,
– il ne dispense pas de la pureté des mains et du cœur qui est le vrai critère de l’accès à Dieu.

Quand nous passons à la nouvelle alliance, où nous sommes, nous apprenons qu’il ne faut plus lier la présence de Dieu à un lieu sacré. Jésus explique à une femme de Samarie rencontrée au bord d’un puits, que le temps est venu où la polémique au sujet du lieu de culte (Jérusalem ou Samarie) a perdu toute pertinence. « Dieu est esprit, c’est en esprit et en vérité que ceux qui l’adorent, doivent l’adorer » (Jn 4.24). Ainsi, n’importe où dans le monde et dans n’importe quel lieu, la présence de Dieu peut être recherchée et trouvée.

Mais nous avons toujours besoin de repères et Jésus nous en a donné deux : un repère individuel et un repère communautaire.
– « Quand tu pries entre dans ta chambre, ferme ta porte et prie ton Père qui est là dans le secret » (Mt 6.6), repère individuel.
 « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux » (Mt 18.20), repère communautaire.

Ces deux repères, ils sont déjà bien visibles dans le livre des Psaumes.

Pour le repère individuel : La forme la plus fréquente de la prière dans le livre des Psaumes est la forme individuelle : « je », « je te loue », « je t’invoque », « je t’implore. » Le « je » l’emporte largement sur le « nous. » C’est dans cette démarche personnelle que les psalmistes recherchent et trouvent la présence de Dieu.

Dieu est là où ils le prient, même loin du temple, même dans les lieux les plus éloignés ou les plus inhospitaliers :
« Du bout de la terre je t’appelle, le cœur défaillant » (Ps 61.3)
« Mon corps soupire après toi dans une terre aride, desséchée, sans eau » (Ps 63.2),
« Des profondeurs, je t’appelle » (Ps 130.1)

Quant au repère communautaire, il est visible dans la référence fréquente à l’assemblée des fidèles dans laquelle le psalmiste exprime sa reconnaissance et sa louange.
Lorsque le psalmiste, éloigné du temple, exprime, au Ps 42, sa nostalgie, ce n’est pas tant l’édifice qui lui manque, mais les cris de joie et de reconnaissance de la multitude en fête (Ps 42.5).

C’est donc bien déjà en esprit et en vérité que les auteurs des psaumes adorent et implorent Dieu. Et les remarques que nous avons faites sur les limites du temple comme lieu de la présence de Dieu, nous concernent aussi.

– Dieu est au ciel
   C’est ainsi que Jésus nous invite à le prier : « notre Père qui es au ciel » (Mt 6.9)
– Dieu est invisible,
– Dieu demande de nous des mains innocentes et un cœur pur.

Voilà donc plusieurs observations qui se rattachent au temple comme lieu de la présence de Dieu dans les Psaumes.
Pour compléter, évoquons deux aspects essentiels, en rapport avec la présence de Dieu :
– la perception, l’expérience, de l’éloignement de Dieu,
– la perception de Dieu comme un refuge.

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Le thème de l’éloignement de Dieu appartient aux registres de la requête et de la plainte. Notez que j’ai parlé d’éloignement plutôt que d’absence. Il n’est jamais dit que Dieu n’est pas là mais qu’il est loin.
Ce sont des adversaires qui disent : « où est ton Dieu ? » (Ps 42.4,11). « Où est leur Dieu ? » (Ps 79.10 ; 115.2) les psalmistes, eux, disent que Dieu est loin, qu’il cache son visage.

On peut distinguer deux manières de parler de l’éloignement de Dieu. Soit c’est Dieu qui reste loin du croyant, soit c’est le croyant que Dieu éloigne de lui :
« Ne me rejette pas loin de ta face » implore David (Ps 51.13)
« Ne me cache pas ta face, ne repousse pas avec colère ton serviteur » (Ps 27.9)
« Je disais dans ma précipitation : Je suis chassé loin de tes yeux » (Ps 31.23)
   C’est l’éloignement du rejet.

L’autre forme, c’est l’éloignement de l’indifférence :
« Seigneur ne t’éloigne pas de moi ! » (Ps 35.22 ; 38.22 ; 71.12)
« Ne me cache pas ta face au jour de la détresse. » (Ps 102.3)
« Mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Ps 22.2)
« Ne t’éloigne pas de moi quand la détresse est proche ! »  (Ps 22.12)
« Seigneur ne t’éloigne pas ! » (Ps 22.20).

Schématiquement on pourrait considérer que ces deux formes d’éloignement, l’indifférence de Dieu ou le rejet de Dieu, correspondent à deux situations différentes :
– l’épreuve, lorsque le croyant ne reçoit pas le secours qu’il attendait de Dieu,
– le péché, lorsqu’il est rejeté ou risque d’être rejeté par Dieu.
La distinction entre les deux formes n’est pas aussi tranchée dans les Psaumes, mais les deux sont bien présentes dans les prières des psalmistes, et sont éclairantes pour nous.

La distance que nous pouvons ressentir de la part de Dieu, peut être due à un péché ou des péchés spécifiques, et dans ce cas, nous devons, comme David dans le Ps 51, implorer le pardon de Dieu, remettre en ordre notre vie, nous engager à obéir à Dieu. Mais la distance que nous ressentons, que des circonstances difficiles nous font ressentir, peut être une façon pour Dieu de mettre notre foi à l’épreuve, dans l’attente du secours ou de l’apaisement qu’il voudra bien nous accorder. La sincérité des psalmistes qui se plaignent de cet éloignement ou qui le craignent, est pour nous un réconfort,  ils nous aident à trouver les mots pour dire à Dieu notre inquiétude ou notre découragement.

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La dernière observation que je voudrais laisser, c’est l’insistance avec laquelle les psalmistes en appellent à Dieu comme à un refuge. Ils utilisent plusieurs mots que l’on trouve diversement rendus selon les traductions : refuge, asile, abri, ou de manière plus imagée, rocher, ombre, cachette.

Leur recherche de la présence de Dieu apparaît ainsi comme un grand besoin de sécurité dans un environnement menaçant :
« Garde-moi, ô Dieu, je cherche en toi un abri. » (Ps 16.1)
« Mon Dieu, mon rocher où je trouve un abri » (Ps 18.3)
« Il me protégera dans sa hutte au jour du malheur, il me cachera au secret de sa tente, il m’élèvera sur un rocher. » (Ps 27.5)
« Dieu est pour nous un refuge et un appui » (Ps 46.2)
« En toi mon âme se réfugie, se réfugie à l’ombre de tes ailes, jusqu’à ce que les calamités soient passées » (Ps 57.2),
« Tu es pour moi une citadelle, un refuge au jour de la détresse » (Ps 59.17).
« Je voudrais me réfugier à l’abri de tes ailes. » (Ps 61.5).

Cette insistance pourrait nous laisser penser que les psalmistes sont des gens plutôt intéressés, qui recherchent la présence de Dieu parce qu’ils ont besoin d’être rassurés.
Oh oui, ils ont besoin d’être rassurés ! Dieu le sait et Dieu les comprend. Dieu aime les entendre lui adresser de telles prières, sinon pourquoi y en aurait-il autant dans le livre des Psaumes ?
Ils cherchent le réconfort, mais ils le cherchent dans la présence de Dieu. Cette présence de Dieu n’est pas un simple moyen pour être réconfortés, la présence de Dieu est en elle-même le réconfort qui leur est nécessaire.
Asaph le dit si bien au Ps 73, où il s’inquiète de la réussite des méchants, de ses propres épreuves de croyant. Même si son corps et son cœur s’épuisent (épreuve physique et psychique), Dieu sera toujours le rocher de son cœur et sa part (v. 26) : « Moi, être proche de Dieu, c’est mon bonheur, j’ai choisi pour abri le Seigneur Dieu. » (v. 28).

Voyez un enfant courir se réfugier dans les bras de sa mère, lorsqu’il est inquiet, lorsqu’il a peur, est-ce le réconfort qu’il cherche ? Est-ce sa mère ? Ce sont les deux, indissociables. Sa mère n’est-elle pas profondément émue de ce mélange de confiance d’inquiétude et d’amour ?
C’est ainsi que Dieu nous accueille. Il nous en a donné la preuve suprême en nous donnant son Fils. Son Fils qui s’est offert lui-même pour le pardon de nos fautes et notre salut éternel.

Émile Nicole

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