LE DERNIER JUIF DE ROTTERDAM
Lorsque les nazis décidèrent le 10 janvier 1941 que tous les Juifs devaient se faire enregistrer par la GESTAPO, deux Juifs hollandais, Ernest Cassutto et sa fiancée Hetty refusèrent d’obtempérer. Lorsque les allemands annoncèrent le 29 avril 1942 que le 3 mai suivant tous les juifs de plus de six ans devront porter l’étoile jaune, ils refusèrent encore ce diktat, en dépit de la menace, pour les récalcitrants, de déportation au camp de Mauthausen-Gusen en Haute-Autriche. Lorsque quelques semaines plus tard commença la déportation des Juifs des Pays-Bas, les deux fiancés choisirent de vivre dans la clandestinité totale sous de fausses identités. Ernest avait alors 23 ans. Les deux fiancés furent, comme de nombreux Juifs, cachés, protégés et nourris par des chrétiens protestants. La bonté sincère des chrétiens à leur égard, leur donna envie de connaître Jésus-Christ. Ils le reçurent bientôt dans leur cœur comme le Messie. Leur foi, bien faible au début, se fortifia à la lecture du Nouveau Testament. En 1943 Ernest et Hetty durent se cacher dans des maisons différentes. Dénoncée, Hetty fut arrêtée et déportée à Auschwitz. Au cours des terribles interrogatoires, elle ne dénonça aucun des chrétiens qui l’avaient cachée, ni aucun membre de la résistance hollandaise. Elle mourut à Auschwitz en janvier 1944, les yeux fixés sur Jésus, son Sauveur.
Ernest fut dénoncé à son tour. Lorsque la GESTAPO l’extrait de sa cachette le premier septembre 1944, il garda sa confiance en Jésus et refusa de trahir ses protecteurs. « Si j’avais mentionné un seul nom, dit-il, au moins 200 personnes de la Résistance intérieure hollandaise auraient péri par la main des nazis. »
En route vers le quartier général nazi de Rotterdam pour interrogatoire, Ernest invoquait le Dieu vivant qui sauva Daniel de la fosse aux lions et ses trois compagnons de la fournaise ardente.
A Rotterdam il dit à l’interrogateur qui s’apprêtait à le mettre à la torture :
– Pourquoi vous donnez-vous tant de peine et perdez-vous votre temps? Tuez-moi plutôt. Je n’ai pas peur de mourir. Je crois en Dieu. Je suis racheté par le Messie qui est mort pour expier les péchés de tous les hommes, même les vôtres si vous vous repentez… Mes yeux se sont ouverts pour reconnaître en Jésus celui que les prophètes avaient annoncé… Je ne pouvais m’empêcher de tomber sur ma face devant lui et de reconnaître que mes péchés avaient été expiés par lui, comme le dit Ésaïe au chapitre 53 : Il a été blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités…
L’interrogateur fut abasourdi par le témoignage de ce Juif qui croit en Jésus le Messie, et au lieu de le passer à la question, il s’entretint simplement avec lui.
Un soldat trouva dans une poche de Ernest une photo de sa fiancée et s’exclama :
« Oh ! Je me souviens bien de cette jeune-fille. C’est elle qui lut sa Bible jusqu’à la dernière minute ! »
Ernest en fut très encouragé.
Lorsqu’enfin on le reconduisit en prison, Dieu fit que personne ne s’aperçut qu’il ne portait aucune marque de torture !
On informa Ernest qu’il ferai partie du prochain convoi vers Auschwitz, le camp de la mort.
En attendant ce départ, il cherchait intensément la face de Dieu, et se nourrissait de sa Parole. « La présence du Seigneur ne me quittait pas, dit-il, sa paix régnait dans mon cœur, je ne craignais pas la mort… Hitler pouvait prendre ma vie, mais il ne pouvait pas fermer la fenêtre du ciel ouverte sur moi, même dans mon cachot noir et sordide. »
Dans son pénitencier, les cellules occupées par des Juifs étaient stigmatisées par une étoile jaune au-dessus de la porte. Au cours de la nuit précédant le départ du dernier convoi de Juifs vers Auschwitz, une main anonyme ôta l’étoile jaune qui marquait sa cellule.
Le lendemain, le convoi de la mort partit pour Auschwitz avec tous les Juifs de Rotterdam, sauf un : Ernest Cassutto ! Les allemands, médusés, le surnommèrent « Der letzte Jude von Rotterdam. »
Dieu était visiblement intervenu en sa faveur, cependant le diable le tourmentait cruellement par ses mensonges… Ernest luttait contre le découragement et la révolte.
Lorsque les allemands décidèrent de fusiller tous les prisonniers de Rotterdam, un policier chrétien hollandais, ayant été informé de ce funeste projet, obtint l’autorisation d’emmener tous les prisonniers aux bains municipaux où il les laissa tous s’évader !
Quelques mois après que Dieu lui eut épargné la déportation à Auschwitz, les Alliés entrèrent à Rotterdam et mirent fin au contrôle nazi.
Ernest retrouva tous les membres de sa famille au grand complet. Tous avaient rencontré Jésus le Messie par le témoignage des familles qui les avaient cachés et par la lecture des Saintes Écritures.
En 1949 Ernest épousa Elly Rodrigues, une jeune fille juive qui avait également cru en Jésus le Messie, suite à ses contacts avec les chrétiens et avec la Parole de Dieu.
Le couple s’installa aux États-Unis en 1952. Ernest y exerça un ministère pastoral jusqu’à sa retraite en 1979. Après son décès en 1985, son livre Le Dernier Juif de Rotterdam, fut complété et réédité par son fils George.
Romains 1.16 : Car je n’ai pas honte de l’Évangile : c’est la puissance de Dieu par laquelle il sauve tous ceux qui croient, les Juifs en premier lieu et aussi les non-Juifs.
Théophile Hammann