PRÉSERVÉ DU SUICIDE

PRÉSERVÉ DU SUICIDE

Marcel est né le 18 janvier 1955 à Paris, dans le 13e arrondissement. Il a été retiré à ses parents par les services sociaux, ainsi que ses trois frères et ses deux sœurs, quand il avait trois ans. Pendant un an Marcel et ses trois frères furent accueillis dans la même famille.
A l’âge de quatre ans, en raison d’un asthme sévère, il fut placé dans un Centre Thermal à Eaux-Bonnes, dans les Pyrénées-Atlantiques. Il ressentait très violemment le choc de la séparation de sa famille d’accueil et de ses frères. Tout petit garçon qu’il était, il a tenté de se suicider, mais une certaine Nicole, probablement une assistante sociale, l’en a empêché.
Après deux ou trois mois, Marcel a été placé dans un Foyer pour mineurs près d’Étampes, dans l’Essonne. Peu après, il fut soumis à trois mois de cures de sommeil forcé particulièrement éprouvantes, dans un Hôpital psychiatrique. Il ne parlait plus au point que certaines personnes pensaient qu’il était muet.
Les souvenirs de son long séjour dans cet Hôpital Psychiatrique sont plutôt flous.
Il a été ballotté d’une famille d’accueil à l’autre, d’une institution à une autre. Il était réellement « sans famille » !
A partir de 17 ans il effectua divers petits boulots.
Entre 19 et 22 ans, Marcel se droguait rageusement. Il commença avec des drogues douces, mais passa rapidement à l’injections de cocaïne, d’héroïne… Il vivait de mendicité et de toutes sortes de vols et cambriolages. Il fit plusieurs séjours en prison. A cette même période il se livrait à la prostitution masculine pour être nourri et logé.
Écrasé par la honte et la culpabilité, il demanda à Dieu de lui accorder une perte de mémoire pour pouvoir oublier ce qu’il faisait !
Il se souvient qu’il tirait, avec ses comparses, un important profit du vol, très tôt le matin, et de la revente au lever du jour des énormes paquets de journaux déposés devant des kiosques de Paris. Mais pas pour longtemps : la bande finit assez rapidement en prison.
Pendant 3 ans et demi Marcel fit les routes de France, d’abord avec une tente, puis dans une caravane.
Juste avant une saison de cueillette de poires dans la Drôme, un couple de chrétiens, Eric et Philo, lui parlèrent de Jésus et du pardon des péchés. Le lendemain, dimanche, Marcel se rendit dans une Église à Valence. A l’entrée, on lui offrit une Bible… qu’il possède toujours ! Après son prêche, le pasteur demanda à ceux qui ont besoin d’aide, de s’avancer pour recevoir la prière. Marcel sentit bien qu’il avait besoin d’aide, mais n’osa pas s’avancer devant tant de respectables personnes présentes dans la salle.
A la fin du culte, cependant, Marcel s’avança rapidement vers le pasteur pour solliciter sa prière.
– Je n’ai pas le temps, lui dit brutalement le prêcheur, ce n’est plus le moment, il fallait venir tout-à-l’heure…
Marcel en eut le cœur brisé. Il passa toute sa soirée à pleurer dans sa tente. Il se souvint des innombrables fois où, dans sa courte vie, il avait été rejeté, méprisé, abandonné, compté pour rien…
Au milieu de son désarroi, il se surprit à dire soudain :
– Dieu, je ne sais pas si tu existes, mais si tu existes, donne-moi à manger, car cela fait une semaine que je n’ai rien mangé…
– Le lendemain, dit Marcel, je me levai à 6 heures pour ma première journée de cueillette. Je bus un nescafé et commençai à travailler à 7 heures. Mais à midi, lorsque je regagnai ma tente, j’y trouvai un repas chaud, un quart de rouge, et une bouteille thermos remplie de café !
Pendant toute la durée de la cueillette le propriétaire nous fit livrer chaque jour un déjeuner chaud. Au début je disais merci à Dieu, puis je me disais que c’était sans doute un coup de pot !
Mais je constate que depuis ma simple prière, je n’ai plus jamais manqué de rien ! Ce ne peut être le hasard !
A cette époque, aussi, j’ai cessé de me droguer. Le hasard ?
Je vins aussi en Alsace pour les vendanges : Colmar, Mulhouse… A Mulhouse on a saccagé ma caravane. J’obtins rapidement une chambre au Foyer SOS-jeunes de la rue Neppert.
Il y avait une salle de culte dans ce Foyer Neppert. Mais je fus affligé de constater que les membres de l’Église étaient assis tout devant et qu’un service d’ordre plaçait les jeunes du Foyer tout au fond de la salle. Ces bons chrétiens parlaient et chantaient pieusement, mais refusaient tout contact avec les personnes du Foyer. Je me sentais, une fois de plus, rejeté, jugé, discriminé, méprisé…
J’étais rongé par des pensées et des sentiments négatifs : Je ne vaux rien pour personne ! Ma vie ne vaut pas la peine d’être vécue. A quoi bon vivre alors ? Je décidais d’en finir. Je me plaçai sur le rebord de la fenêtre de ma chambre pour me jeter du haut du 8e étage. Mais une voix me dit :
– Attends !
Je regardai d’où pouvait provenir cette voix à la fois douce, bienveillante et ferme. Je ne vis personne. Mais je redescendis du seuil de ma fenêtre et alla me promener du côté de la cathédrale Saint Étienne, sur la Place de la Réunion. J’avais toujours d’obsédantes pensées de suicide. Dans cette Église Saint Étienne, se tenait, à l’époque, une série de réunions chrétiennes organisées par l’Église Évangélique de Rixheim et Jeunesse en Mission. Un croyant de cette Église, Gilbert, me rencontra et me dit :
– Bonjour, je suis chrétien !
Je ne sais plus si j’ai dit ou simplement pensé : « Si tu es chrétien, va de ton côté et moi j’irai de mon côté ».
Après bien des luttes, Marcel accepta d’entrer dans l’Église Saint Étienne. Il se cacha derrière un énorme pilier. Gilbert essaya vainement de le faire avancer. Marcel avait du mal à se concentrer sur le message de Philippe Pomier. Dans l’autre Église, pensait-il, il y avait plusieurs rangées vides entre les bons chrétiens et les locataires du Foyer… Peut-être avaient-ils de bonnes raisons d’agir ainsi ?
– Parce que les gens, ici, étaient aimables avec moi, dit Marcel, j’ai accepté l’offre de Gilbert, de venir me chercher le dimanche suivant pour assister à un culte de l’Église Évangélique de Rixheim. Mais immédiatement après, je regrettai d’avoir accepté ! Quand Gilbert vint, le dimanche suivant, je me fis appeler au moins six fois à l’interphone par le réceptionniste, avant de répondre ! Je m’étais couché tard la veille au soir, dans l’espoir de ne pas me réveiller quand Gilbert viendrait pour me chercher !
Mon accueil à l’Église de Rixheim fut chaleureux. Je me disais que si jamais je devenais chrétien, ce serait là mon Église ! J’aimais énormément les réunions de quartiers où l’on pouvait discuter et poser librement des questions. Je n’oublierai jamais, Théo, qu’à l’époque tu avais dit que si Dieu n’est pas une force, c’est une farce ! J’ai vu les gens, leurs caractères, leurs manières de penser et de parler changer énormément dans cette Église.
J’ai cru, j’ai demandé pardon à Jésus pour mes innombrables et horribles péchés, j’ai reçu le pardon de mes forfaits, j’ai accepté avec soulagement que le lourd fardeau que je traînais soit ôté de dessus mes épaules et j’ai changé moi aussi ! Depuis 30 ans je me dis que j’ai fait le bon choix.
Tu as prêché un jour, Théo, qu’il fallait non seulement se repentir de ses péchés, mais qu’il fallait aussi réparer ce qui pouvait être réparé. J’ai alors repensé à tous mes vols, mes cambriolages de magasins… Suite à ce message, plusieurs personnes de l’Église ont réparé leurs torts… J’ai demandé à Gilbert de m’accompagner à la Police pour y déclarer mes infractions à la loi. Une policière me reçut, moi seul. Elle prit bonne note de ma déposition, puis me dit qu’on me tiendrait informé de la suite réservée à ma déclaration. Je me confiais en Jésus, mon Bon Berger, sans être toutefois certain que je ne ferai pas de la prison. Mais une semaine plus tard on me fit savoir, qu’étant donné le caractère libre et volontaire de ma démarche, aucun élément ne sera retenu à charge contre moi ! Merci Seigneur !
J’ai appris il y a environ deux ans que j’étais le fruit d’une relation incestueuse. Ma première réaction fut indignation et colère. Mais qui suis-je donc ? Cependant ma relation avec Dieu, la certitude d’être aimé de lui, d’avoir été voulu par lui (ce qui n’excuse pas le péché à l’origine de ma conception), la calme assurance d’être dans son plan éternel m’ont guéri. Je suis en paix, je ne souffre pas quand je repense à ces choses. Je suis heureux d’exister. J’aime la vie. Mon père ? C’est Dieu !

Marcel a choisi la bonne part ! Il aime Dieu et marche fidèlement avec lui, jour après jour.
De la poussière il retire le pauvre, du fumier il relève l’indigent,
Psaumes 113.7

Théophile Hammann

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