LA VENGEANCE DE DAPOZZO !

Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent. Matthieu 5.44

Durant la 2e guerre mondiale, Erino Dapozzo (1905-1974) dut servir d’interprète, à Paris, auprès des autorités allemandes. C’est ainsi qu’il put connaître les noms de ceux qui allaient être déportés. Il les en informait. Mais un jour, ayant sauvé la vie d’un homme, il fut dénoncé par le fils de celui-ci. Ce fils haïssait son père.

 Dapozzo fut d’abord condamné à mort. Mais étant père de trois enfants et son épouse Marguerite étant enceinte du quatrième, il fut envoyé dans un camp de concentration en Allemagne. Il s’y fit immédiatement connaître comme chrétien.
A Noël, le Gardien Chef du camp le convoqua et le contraignit à se tenir debout au garde-à-vous devant lui, affamé, frigorifié, pieds et torse nus, tandis que le gradé allemand festoyait devant une table richement garnie.
Le diable tenta alors Dapozzo : « 
Je ne manquerai de rien ! Est-ce toujours vrai ? »
Mais Dapozzo proclama que l’Éternel était son Berger et qu’il ne manquerait de rien.
Puis on apporta le café au gardien, ainsi qu’une boite de petits gâteaux.
« Ils sont délicieux, les gâteaux de votre femme, dit-il ! Votre épouse envoie chaque mois un tel paquet. C’est le 7
e que je déguste ! »
Dapozzo imagina ses enfants en train de se priver pour lui et fut tenté de haïr le gardien, mais il pria : « Seigneur je te remercie de ce que ton amour soit répandu dans mon cœur par le Saint Esprit. Je suis libre, il est lié ; je suis riche, il est pauvre ».
Puis il ajouta à haute voix : « Je suis chrétien et je prierai pour vous ! Puis-je retourner dans mon baraquement ?
– Jawohl ! » hurla le Gardien, furieux de n’avoir pas réussi à désarçonner Dapozzo.
Dix ans plus tard Dapozzo réussit à retrouver ce Gardien à Mettlach, en Sarre. C’était un homme rempli de crainte. Il se cachait sous de faux noms, changeait souvent d’adresse. Accompagné d’un pasteur allemand, Dapozzo se rendit chez lui avec une boite de petits gâteaux. Le Chef du Camp, chenu, écrasé par les craintes, les soucis et les insomnies, lui demanda :
— Venez-vous pour vous venger ?
— Oui, répondit Dapozzo.
Il demanda un café et apporta ses gâteaux puis il dit à l’ancien Chef de Camp :
– Vous êtes un homme très malheureux, vous portez un fardeau très lourd dont seul Jésus peut vous libérer. Moi, je vous pardonne. Pendant dix ans, j’ai prié pour vous…
A partir de ce jour le pasteur rendit régulièrement visite à cet ancien bourreau qui, au bout de deux ans, se convertit à Jésus, ainsi que son épouse et leurs deux filles.
— Le Chef de Camp est devenu mon frère, commenta Dapozzo.
Théophile Hammann

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