UNE PARTIE DE PÊCHE, avec mon frère Gérard, dans la jungle alsacienne d’Erstein
Gérard, grand pêcheur devant l’Éternel,
A quatorze ans, disait : – Il n’y a rien de tel,
Qu’une bonne pêche, pour vous rendre joie et santé !
Aussi ne se privait-il pas de cette noble activité.
Souvent il m’invitait à venir avec lui,
Dans marais, forêts et taillis,
Pêcher dans un bras du Rhin.
Mais ce fut toujours en vain.
Un jour cependant, où son invite fut pressante,
Je décidai de le suivre sur les humides sentes
De ce paradis de la sauvagine
Qu’est le polder d’Erstein.
Dans un bras du Rhin qui jamais ne s’assèche,
Gérard m’apprit à lancer la ligne de pêche.
Nous attendîmes, et Gérard est fort patient !
C’est une vertu qu’il a acquise au fil des ans.
Hérons et cigognes prirent des poissons en abondance,
Nous fûmes offensés de cette injuste concurrence.
Notre confort fut très sommaire,
Phlébitogène et caniculaire.
En cette réserve naturelle,
La flore est étrange et belle.
Ce fut un moment tragi-comique,
Pour deux frères férus d’halieutique.
Un passant nous dit : – Ça mord ? – Oh ! oui, ai-je répliqué.
– Et quoi ? insista-t-il ! Moi : – Des moustiques par milliers !
Nous rentrâmes, têtes et membres boursouflés,
Suite aux attaques répétées,
Féroces et terrifiques,
Des armées de moustiques :
Mille piqûres,
Mais ni fretin, ni friture !
Quant à moi, je n’ai pas les vertus de mon frère :
Ce fut ma première partie de pêche et aussi ma dernière !
Théophile Hammann
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Commentaire sur “UNE PARTIE DE PÊCHE, avec mon frère Gérard, dans la jungle alsacienne d’Erstein”
Merci Théo, j’ai bien ri.